Michel Preumont – Music in Belgium – 31/03/2008
Dernier concert du premier cycle à la flûte enchantée. Pas mal de monde pour cette soirée romantico-médiévale.
Fifrelin
Ce quatuor féminin investit les planches (au décor ‘Les sardines grillées ‘ ,clochards à Paris) à 20h30. Cécile Gonay, Claire Scohier, France-Marie Gonay, Anne-Sophie Maréchal nous emmènent pour un voyage enchanteur au coeur de l’an Mil. Le Dark Age : celui de la chanson de geste, de Petrus de Cruce et de son office monophonique, de l’amour courtois, de l’allégorie….
Une kyrielle d’instruments passent d’une main à l’autre: violoncelle, violon, xylophone, mandoline, balalaïka, guitares, clochettes, djembe…. Les quatre damoiselles chantent, et nous enchantent, toutes. C’est aérien et élégant. Tu te retrouves dans le monde de Lewis Caroll, celui du bestiaire du pays des merveilles, cher à la mutine Alice. Le magicien d’Oz rôde aussi dans les parages.Nous sommes envoûtés par ces compositions nostalgiques, plaintives, allègres ou guillerettes.
- ‘Courant d’air’, ‘Entrechats’, ‘Va va va’, ‘Silence’, ‘Gwendoline’ (y a-t-il prénom plus moyenâgeux?)
- ‘Mirage’, ‘Hidegen’, tous ces titres nous raviront les oreilles. On aura droit à des lalalala, à des handclappings, à des historiettes…
- ‘Les feuilles mortes ne se font pas mal en tombant, puisqu’elles sont mortes…
- ‘ Les harmonies vocales sont délicieuses et musicalement c’est parfait. Il se dégage une telle aura de sympathie de Fifrelin, que le public trouve bien fâcheux que le set soit déjà terminé après quarante minutes. Bravo, gentes dames, nous appréciâmes…
Seesayle
Une des incarnations de Cécile Gonay, bien soutenue par le Wizard, Franck au mix et samples. Cécile et Franck sont également complices dans SoySoy, ou ont participé à l’aventure Keltia. Le magicien a collaboré avec Lotus Eaters, So, Legoparty… and many others. On retrouve Cécile dans Fifrelin (I know you know…), Adieu les Guêpes, Dream Brothers, Keiki…. Sans oublier son trip Naifu et, il y en eut d’autres… Multi-instrumentiste Miss Gonay: bassiste, violoniste, pianiste et chanteuse. A ces moments perdus elle enseigne piano, guitare et chant à l’atelier rock à Huy. Dormir, me soufflez-vous…. Pas dans son dictionnaire.
- ‘Quicksand’ entame le set. Une guitare, des samples.. ‘She could have been the perfect girl...’ chante-t-elle. Le public est subjugué par son timbre magique à la Lisa Gerrard, un spectateur s’est tapé Aachen (Aix -la-Chapelle)-Bruxelles (et retour) pour entendre la belle.
- ‘Marionnette’ avec des loops et un piano enfantin. En intro : ‘Look at my lips, look at my eyes lost in the mirror I play the game….‘. Un phrasé Kate Bush, une mélodie imparable.
- ‘Love song’ ‘Still here’ … dreams are so deep I could fly…, on comprend que les amateurs du BIFF, des Fantastiques Nights, du Goth rock soient attirés par Seesayle. Sa musique te transporte chez Merlin l’enchanteur, les elfes, les fées. Tout un univers fantasmogorique…. Faun, Unto Ashes, Omnia: c’est le même registre. Un alternative rock aux accents balkaniques ou nordiques. Une voix ensorcelante.
- ‘Si’ , ‘Delicante’, titre pour lequel elle se saisit d’un bizarre violon en forme de S. Toujours ce folk médiéval. L’assistance vibre, l’acoustique est incomparable.
- ‘Fairy’ le morceau de bravoure, aux lyrics surréalistes… if I meet 3 fat ladies, it will change my life…, une mélodie enjouée, des loops. Elle est seule sur scène, tu t’imagines entendre un orchestre! Cécile ne se prend pas au sérieux, elle nous gratifie de mimiques tordantes. Je te fais de grands yeux… On sourit dans la salle.
- ‘Red’ avec sa soeurette, en guest. Un duo primesautier, sautillant. Une source de jouvence!
- ‘I gave my soul’ retour au drame, ton cerveau t’envoie des flashes picturaux: Fernand Khnopff, Edward Burne-Jones… Un romantisme digne des romans de Jane Austen.
- ‘Violinon’ titre pour lequel elle rate son intro avec un jouet/grenouille récalcitrant. Sourires, on abandonne le batracien et on remet ça. Un violon tzigane te transporte en Transsylvanie. Quelques onomatopées pimentent le jeu, les pieds battent la mesure. On l’imite en y ajoutant battements de mains. Bonsoir et merci!
- Rappel ,bien sûr. En français ‘Dormir debout’ … de drôles de songes qui viennent hanter mes nuits…. le piano électrique se fait clavecin. Toujours ce monde du rêve, de l’inconscient. Seesayle nous a ouvert la porte de son âme. Le public en veut plus et elle nous refait ‘Fairy’ .
Il est temps de regagner (à regret) le siècle des GPS ,et autres gadgets électroniques, après ce trip medium aevum. Le 5 avril Seesayle joue à Chevron (Café à Lire).