Seesayle – Stranded

Michel Preumont – Le Blog des critiques de concert – 14/09/2014

5662720-8445622.jpgCécile est un nom épicène. Oui, et alors? Rien, ce n’est qu’un préambule et pour ta gouverne on te signale que pour ne plus contrarier ces dames, la formulation   » Fera l’objet d’un jugement celui qui commet un crime ou un délit après l’entrée en vigueur du présent code. » est bannie et avantageusement remplacée par « Fera l’objet d’un jugement quiconque commet un crime ou un délit après l’entrée en vigueur du présent code ». Tu déconnes sévère, bonhomme, viens-en au fait!

Cécile Gonay, alias Seesayle, va sortir un nouvel album‘ Stranded’. Tout est prêt, le 10 octobre le produit sera mis en vente dans les meilleures épiceries. Dix titres. A front picture, un sobre portrait, signé Pierre Delvaux, le  mixing et mastering étant confié à Michel Jankowski. Seesayle joue de tous les instruments et signe toutes les compositions.

‘ A Flower’

I’d like to be a flower, not a selfish red rose… bienvenue dans l’univers onirique de la sylphide de Lierneux. Un premier lied aux tonalités progrock, dont la délicatesse rappelle certaines compositions de Renaissance, avec la délicieuse  Annie Haslam aux vocals.

‘Butterfly’

On reste dans le jardin pour admirer le gracile lépidoptère glissant en voltiges de fleur en fleur. La voix est légère, le fond sonore bienveillant, mais pourquoi une sournoise impression d’angoisse  tenaille-t-elle ton esprit?

‘Ombres’

Un menuet courtois,  ici, aussi, en tapisserie de fond, une pointe lugubre sous forme de samples les Hauts de Hurlevent. Cécile Gonay reste fidèle à sa marque de fabrique, le côté gothique désuet en est un élément moteur. Ann Radcliffe, Mary Shelley,  Charlotte Smith, les Soeurs Brontë se sont trouvées une héritière dans nos belles Fagnes abondamment baignées dans les brumes de l’aube.

‘Let me out’

A piano based alt pop tune à la Tori Amos ou Regina Spektor et des intonations vocales évoquant Kate Bush. Une superbe plage, romantique et  radiophonique.

‘ Fifrelin’

Un morceau vaporeux qui nous rappelle que Cécile a fait partie du quatuor acoustique  du même nom. Ces gentes demoiselles distillaient de subtiles ritournelles moyenâgeuses à écouter au coin de la cheminée tandis que crépitaient les bûches.

‘The fly’

Qu’as-tu à secouer constamment la tête ? Un truc me chatouille les neurones et semble faire des claquettes, et j’entends comme un vieil harmonium, des arpèges au violon  et une voix enfantine, espiègle,  se moquant de mes émois. Tu sais comme une mouche qui se cogne inlassablement  contre la vitre.

‘Joker’

Une sonate douce- amère et mélancolique pour Rigoletto. Tu dis, Clelia? Qui c’est? Seesayle, darling! C’est beau…

‘On the run’

Un renard en fuite? Euh, oublie Sweet. Seesayle se pose quelques questions …why have we to be on the run… pas de cavalcade, une mélodie lancinante psalmodiée d’un timbre interrogatif avec, une nouvelle fois, un accompagnement sonore proche du progressive rock.

‘The same’

Une lente plainte sur  fond d’orgue liturgique et de vocalises caverneuses. Du Krautrock à la sauce Seesayle. Une plage somptueuse.

‘Machinery’

L’album s’achève sur ce rondo  Fritz Lang dominé par le violon et décoré, en filigrane, d’un discours inquiétant. Cécile, qui est le récitant?

‘Stranded’ est le digne successeur de ‘Stowaway’ et mérite de se trouver dans toute discothèque sanctifiant  l’indie folk rock innovant.