Stowaway

Olivier Wouters – Music In Belgium – 30/08/2011

C’est à la fin des années 90 que Cécile Gonay, chanteuse et multi-instrumentiste originaire de l’est de la région liégeoise, se révèle au sein de Soy Soy, un trio inclassable (ils parlent de magick pop celtique) qui ne sortira finalement qu’un seul album en 2006, « Liquid ». Parallèlement, elle monnaie son talent en prenant part à d’autres projets (Naifu, Keltia). Jusqu’au jour où elle décide de se lancer en solo et d’adopter son surnom, Seesayle, comme pseudo. Elle publie deux démos et un live avant de se concentrer sur un premier véritable album, « Stowaway », enregistré notamment avec la participation de Jérôme Danthinne (batteur de l’Orchestre Du Vent et frère de Christophe, leader de Showstar).

À l’écoute de « Scott Choplin », le court instrumental qui introduit délicatement « Love Song », on comprend très vite que le piano de la belle sera la pierre angulaire de l’album, au même titre que sa voix sucrée presqu’enfantine qui fait irrémédiablement penser à Kate Bush ou à Kazu Makino (Blonde Redhead). Encore qu’An Pierlé ne soit pas bien loin, comme le suggère « Juliet’s Plea ». Cette impression se confirme d’ailleurs avec « Vampire » et surtout le très beau « Stay », pour lesquels on retrouve les ingrédients qui ont fait défaut à la blonde Anversoise lorsqu’elle a mis en boîte « Hinterland », son relativement décevant dernier album en date. Les atmosphères feutrées et prenantes de ces deux compositions habilement construites constituent sans aucun doute les sommets d’un album hors du temps qui sort des sentiers battus.

Un album dont la seconde partie, soit directement après l’interlude « Serenade, va prendre une direction plus élitiste en incorporant des influences tantôt orientales (« Five », « Still Here »), tantôt celtiques (« Sorry My Dear »), entre un « White Lie » plus traditionnel et une surprenante composition en français, « Dormir Debout », qui mérite une réelle attention et qui pourrait donner des idées à explorer dans le futur. La langue de Molière a comme qui dirait un effet encore plus envoûtant sur sa voix… Plusieurs écoutes seront nécessaires avant de maîtriser l’univers singulier de Seesayle, mais lorsque le déclic a eu lieu, on ne peut rester indifférent à l’écoute de très belles choses qu’il convient de partager…